Nicolas Moog et sa compilation de Faces B.
Porter
le nom d'un synthé vintage culte prédispose-t-il au rock? A
lire les bandes dessinées de Nicolas Moog il semblerait que oui.
Moog
a mis du rock dans sa guitare à trois cordes (Thee Verduns, duo country-rock)
et dans ses bédés.
Car il est d'abord illustrateur et auteur de bandes dessinées, en
solo donc mais en duo aussi avec Matthias Lehmann (Qu’importe la mitraille) ou
Arnaud le Gouefflec (Face B).
Du rock et des bédés, le rêve de tout ado... et une longue
tradition. Depuis Crumb et les bluesmen, Shelton et les hippies ou Métal
Hurlant et les punks il y a du rock dans les strips. Moog, lui, serait plutôt
dans la catégorie Crumb, genre dénicheur de vieilles galettes et de musiciens
underground, un Alan Lomax reporter.
Dans le bel album composé avec Arnaud le Gouefflec, Face B, Moog
dresse une compilation de grands outsiders du rock, une galerie des Figures
pittoresques de la musique du XXème. Génies marginaux, radicaux, gentiment
illuminés ou notoirement dérangés, enragé et mythiques.
C'est érudit et c'est émouvant. Textes et dessins sont
fouillés, détaillés jusque dans les pochettes de vinyles rares ou les jaquettes
de cassettes underground collectors.
C'est tragique et c'est croustillant. On y
croise Moondog, découvrant le tambour arapaho à cinq ans, sur les genoux d'un
chef indien; Daniel Johnston enregistrant des cassettes sur un clavier de poche
posé sur le banc de musculation de son frère; Sun Ra jouant pour les pyramides
ou Captain Beefheart pour les serpents du désert.
C’est une œuvre de mémoire, un témoignage essentiel en même temps
qu’une évocation, une invocation de bons ou mauvais génies, parfois encore
vivants, le plus souvent morts ; la démonstration qu’avec un nom de synthé
vintage on peut aussi écrire l’Histoire.
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